Transmettre les noms des espaces maritimes

L’ensemble des noms des espaces maritimes du Bassin d’Arcachon représente un héritage à préserver et transmettre aux générations futures. L’Atlas des toponymes des espaces maritimes, disponible en ligne, propose de découvrir leur localisation et étymologie.

La toponymie (étude des noms de lieux) d’un territoire reflète l’appropriation de l’environnement par un peuple ou une société, notamment sa manière de le traverser et de l’occuper. À la croisée de la géographie, de l’histoire et de la linguistique, la toponymie est à la fois un outil d’identification géographique et le socle d’une mémoire collective.

Ce patrimoine d’une grande valeur permet de révéler des clés souvent importantes pour la compréhension de l’identité maritime du territoire, pour laquelle le Parc naturel marin du Bassin d’Arcachon porte une responsabilité particulière en termes de sauvegarde, de valorisation et de transmission. Cet Atlas des toponymes des espaces maritimes, proposé et coordonné par Pierre Decoudras, s’inscrit pleinement dans cette démarche soutenue par le Parc naturel marin.

Atlas des toponymes des espaces maritimes du Bassin d'Arcachon

Atlas des toponymes des espaces maritimes du Bassin d'Arcachon

Atlas des toponymes des espaces maritimes du Bassin d'Arcachon

Atlas des toponymes

Cliquez ici pour accéder à la carte interactive :

Sur le Bassin d’Arcachon, les toponymes témoignent d’une richesse linguistique liée au gascon et de son ancrage dans la culture locale. Certains espaces maritimes portent des noms qui font référence au contexte géographique ou morphologique, d’autres désignent une ressource ou une pratique. Certains noms évoquent une personne, une famille, ou encore un épisode marquant lié à la navigation dans les dangereuses passes avant d’atteindre le « havre » d’Arcachon.

Langue occitane issue du gallo-roman, le gascon a été la langue écrite pendant six siècles, jusqu’à ce que l’édit de Villers-Cotterêts ordonne le français comme langue officielle de la vie publique en 1539. À la fin du XIXe siècle, l’école impose le français comme langue de communication. Le gascon reste encore la langue maternelle qui perdure par transmission familiale, jusqu’à se perdre progressivement. Aujourd’hui, les noms de lieux ne « parlent plus ».

Jusqu’au XIXe siècle, les lieux nommés sur les cartes ne sont pas très nombreux. Leur nombre explose avec l’introduction de l’ostréiculture. Noms d’esteys, de chenaux, de mattes, de bancs racontent l’histoire du Bassin et reflètent l’identité de ceux qui ont nommé les lieux des espaces maritimes. La réduction contemporaine du nombre de parcs à huitres menace aujourd’hui ce patrimoine immatériel.

Arès-Lège

Arès-Lège

Arès-Lège

Andernos-Taussat

Andernos-Taussat

Andernos-Taussat

Lanton-Audenge

Lanton-Audenge

Lanton-Audenge

Biganos-Le Teich

Biganos-Le Teich

Biganos-Le Teich

Gujan-La Teste

Gujan-La Teste

Gujan-La Teste

Arcachon-île aux oiseaux

Arcachon-île aux oiseaux

Arcachon-île aux oiseaux

Presqu'île- île aux oiseaux-Moulleau

Presqu'île- île aux oiseaux-Moulleau

Presqu'île- île aux oiseaux-Moulleau

Les passes

Les passes

Les passes

Les passes-1966 Bouchet

Les passes-1966 Bouchet

Les passes-1966 Bouchet

Réseau hydrographique-lagune

Réseau hydrographique-lagune

Réseau hydrographique-lagune

Les « espaces maritimes »


Au moment d’identifier la toponymie du Bassin d’Arcachon, il a fallu faire des choix. La question des limites s’est posée d’emblée. L’intitulé, « espaces maritimes », justifie que l’on se soit arrêté au trait de côte, sans nommer l’intérieur des terres, les dunes, les lieux-dits, les amers, etc.
L’ancienneté prise en compte s’arrête à la fin du XVIIIe siècle. C’est l’occupation de l’espace par l’ostréiculture qui a nommé la majorité des lieux. Avant cette période, les noms changent, la topographie également, ce qui rend l’identification problématique, sans compter les erreurs d’orthographe, coquilles et imprécisions.
Deux cartes ont servi de base pour la restitution des principaux noms :
- 1886, Georges Clavel, Atlas des ports
- 1937, Emile Lapeyre, Le Bassin d’Arcachon, carte aux Écoles de pêche.

Remerciements

 

Le travail d’interprétation du gascon a été réalisé par Bénédicte Fénié. Jean-Marie Blondy, Thierry Cahuzac, Pierre Decoudras, Jean Mazodier, Francis Pedemay, Jean-Claude Pesseyre, Adeline Plègue, Jean-Claude Riehl ont fait avancer le projet. Jean-Marie Daugé a cédé sa collection de cartes du Bassin. Les « anciens » du Sénat de la Mer, à Gujan, ont témoigné. Jean Lacoste, « Pépé » Legrand, Michel Lacaze ont aidé à la réflexion.

Carte du cadastre ostréicole-1894

Carte du cadastre ostréicole-1894

Carte du cadastre ostréicole-1894

Ressources

 

Pour un inventaire exhaustif des cartes du Bassin d’Arcachon, on se réfèrera au remarquable ouvrage de la Société historique et archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch : Cartes anciennes du Bassin d’Arcachon, SHAAPB, 2019, 191 p.

On pourra aussi consulter les sites :
Gallica, le catalogue numérique de la Bibliothèque nationale de France
HTBA, Histoire et traditions du Bassin d'Arcachon
- Conservatoire patrimonial du Bassin d'Arcachon

Noms communs les plus courants sur le Bassin

 

Arouille : chenal secondaire se déversant dans un estey1
Baïne : « petit bain », à l’océan anse, bassin clos isolé par un banc de sable1
Berle, Bèrla : du gaulois berula, « lentille d'eau », ruisseau de la lande coulant jusqu’au Bassin
Caouenne, Cavèna : sillon formé par les courants dans les fonds sablonneux
Chaffre : sobriquet, s’applique à une particularité physique, caractère, lieu de résidence2
Conche : du latin concha, « coquillage », évoque une « cuvette » ou un « petit golfe »
Crate, crasta : du latin castrum, « talus, tranchée », désigne un petit cours d'eau artificiel, un drain, un fossé d'écoulement
Escourre, Escorra : fossé d'écoulement, déversoir, du latin excurrěre, « sortir en courant », désigne un courant peu profond entre deux bancs de sable, mais aussi une dépression inondée par les pluies, ou sous l’influence de fortes marées 1
Estey, Estèir : du latin classique aestŭāriŭm, « endroit inondé par la mer à marée montante », nomme un chenal de marée 2
Lagune : du latin lacuna, mare, petit étang 2
Lède ou Lette, Leda : du latin lata, dépression humide entre deux dunes, marais pour la pêche, la chasse aux canards, pâture pour les vaches et les chevaux sauvages1
Lugue : lagune que laisse la mer descendante
Matte, Mata : du préceltique matta, banc d'argile portant de la végétation, terres que ne recouvrent que les marées de fort coefficient
Sableyre, sablèira : banc de sable
Tatch, tach : banc sablo-vaseux qui émerge à marée basse, appelé aussi crassat
Trincat, trencat : du verbe trencar, « trancher », chenal, passage creusé par les eaux
Truc, truc : variante de tuc (du lexique pré-indo-européen tukka), un monticule, une dune.

1 2002, De Marliave Olivier, Dictionnaire du Bassin d’Arcachon, 349 p., Ed. Sud-Ouest
2 2018, Daney Charles,
Le Grand Dictionnaire du Bassin d'Arcachon, 197 p., Ed. La Geste

Plan du Bassin d'Arcachon et de ses environs-1774, Clavaux

Plan du Bassin d'Arcachon et de ses environs-1774, Clavaux

Plan du Bassin d'Arcachon et de ses environs-1774, Clavaux

Toponymie : lexique des termes spécifiques

Aphérèse : Retranchement d’une syllabe au début d’un mot ou d’un nom propre
Déverbal : Nom formé à partir du radical d'un verbe (ex. pliage de plier)
Cacographie : littéralement, « mauvaise graphie »
Fréquentative (forme) : marque la fréquence, la répétition, l'abondance
Métathèse : changement de place d’une lettre dans un mot : le latin capra, « chèvre », donne le gascon craba après permutation du r
Syntagme : réunion de deux ou plusieurs éléments de la langue en un seul complexe.

Abréviations

AHG : Archives historiques de la Gironde
DOF : Dictionnaire occitan
FEW : Französisches etymologisches wörterbuch
NPAG : Noms de personne de l'Ancienne Gaule
Par de : paroisse de
RF : Recogniciones feodorum
Supra : au-dessus, précédemment.