Rencontres scientifiques : les présentations
Résumé des conférences :
Suivi acoustique de la migration nocturne des oiseaux sur la presqu’île du Cap Ferret
Adrien de Montaudouin (Sepanso)
Le Bassin d'Arcachon est situé sur l’un des principaux axes de migration des oiseaux en France. La pointe du Cap Ferret est depuis des décennies un lieu d’observation et de suivi des oiseaux migrateurs (plus de 5 millions d’oiseaux dénombrés en migration active ces six dernières années). Ces comptages concernent uniquement des observations de jour.
Or, on estime que plus des deux tiers des oiseaux migrent de nuit. Ces dernières années, en France, l’essor des nouvelles technologies et l’avènement des suivis acoustiques ont permis une première approche pour qualifier et quantifier le flux nocturne. Ainsi, une première étude de la migration nocturne par suivi acoustique a été réalisée à l’automne 2023 au Cap Ferret, où des milliers d’oiseaux ont pu être identifiés et recensés au cours des 680 heures d’enregistrement.
- L’huître plate : description d’un habitat historique et patrimonial proche de disparaître
Cynthia Carpentier (Capena)
Longtemps perçus comme inépuisables, les gisements naturels d’huîtres plates (Ostrea edulis) ont atteint, après plus de 200 ans d’exploitation et l’occurrence de deux épizooties parasitaires, un état critique. En Nouvelle-Aquitaine, les huîtres plates - appelées historiquement « Gravettes » sur le Bassin d'Arcachon - ont presque entièrement disparu.
Dans le cadre du projet Refona, cinq sites présentant O.edulis ont été répertoriés sur le Bassin d'Arcachon. Parmi eux, trois secteurs d’intérêt se détachent avec des individus du naissain à l’adulte, souvent fixés et plus ou moins agrégés.
Ces huîtres plates sont associées à des peuplements benthiques en bon état écologique. La dissection d’individus a mis en évidence des signes de maturation sexuelle, laissant imaginer la possibilité d’une reproduction ce qui représente une première piste encourageante pour la préservation de cette espèce sur le Bassin.
- La moule asiatique Arcuatula senhousia dans le Bassin d'Arcachon : état des lieux et évaluation des impacts potentiels
Hugues Blanchet (Université de Bordeaux)
Le Bassin d'Arcachon abrite de nombreuses espèces exotiques. Parmi elles, la présence de la moule asiatique Arcuatula senhousia est attestée depuis 2002. Après une période de latence de vingt ans, des observations parcellaires suggèrent que cette espèce semble être de plus en plus fréquente. Dans ce contexte, le projet Arcuatula a pour but de dresser un état des lieux de la distribution de cette espèce sur le Bassin ainsi que de vérifier son extension spatiale.
Les premiers résultats ont montré qu’en trois ans (2018-2021), le nombre de stations colonisées a été multiplié par 3 et que cette espèce pourrait potentiellement se répandre dans la plupart des zones intertidales. Ces résultats révèlent son fort potentiel de colonisation et le risque d'impact sur les écosystèmes.
- Quantification de l’impact de la régression des herbiers de zostères sur la dynamique sédimentaire du Bassin d'Arcachon
Florian Ganthy (Ifremer)
Les herbiers marins jouent un rôle majeur sur la dynamique sédimentaire, de par leur capacité à favoriser les processus de dépôt des sédiments et à limiter les processus d’érosion. Cependant, la récente régression des herbiers a grandement réduit cette fonction régulatrice. Dans cette étude, il s’agit de comprendre comment la régression des herbiers a modifié la dynamique sédimentaire de l’environnement.
Les résultats de modélisation révèlent une intensification des flux d’érosion avec la régression des herbiers, donnant lieu à des concentrations en matières en suspension qui ont en moyenne doublé à l’échelle du Bassin et allant jusqu’à être multipliées par 6 dans certains chenaux internes de fond de Bassin.
De plus, la régression des herbiers implique une redistribution des différentes classes sédimentaires, conduisant à l’accrétion et à l’envasement des estrans de fond de Bassin, ainsi qu’à l’érosion et à l’augmentation de la fraction sableuse des estrans des zones plus centrales. Enfin, la modification des flux nets d’érosion/dépôt a permis d’expliquer les évolutions morphologiques observées dans le Bassin au cours des trente dernières années, suggérant que la régression des herbiers en est la principale contributrice.