Semis participatifs de graines de zostère : de premiers résultats encourageants 

12 juillet 2022

Le Parc naturel marin du Bassin d’Arcachon a lancé un projet participatif pour favoriser la restauration des herbiers de zostère naine. Des volontaires encadrés par les agents du Parc marin ont collecté plus de
55 000 graines à l’été 2021 puis les ont semées au printemps 2022 dans des zones identifiées au préalable.

Les premiers résultats sont prometteurs : de nombreux pieds ont germé et semblent en bonne santé. Plusieurs ont déjà une grande densité de feuilles, d’autres sont peu développés et semblent avoir germé très récemment. Il n’y a pas encore eu d’extension horizontale, mais elle pourrait intervenir plus tardivement.

Herbiers de zostère marine (arrière plan) et de zostère naine (premier plan) au Courbey

Herbiers de zostère marine (arrière plan) et de zostère naine (premier plan) au Courbey

© Sapiens Vision

Herbiers de zostère marine (arrière plan) et de zostère naine (premier plan) au Courbey

© Sapiens Vision

Ce projet en 5 questions/réponses :

 

1. Pourquoi restaurer les herbiers ?

 

Le Bassin d’Arcachon abrite deux espèces de zostères : la zostère marine, qui se trouve principalement sur les bords des chenaux, et la zostère naine, qui forme de vastes herbiers sur les estrans. Le Bassin d’Arcachon abrite le plus grand herbier de zostère naine en Europe. Ces plantes sous-marines jouent un rôle essentiel pour l’écosystème du Bassin : elles atténuent l’érosion littorale, stockent de grandes quantités de carbone et abritent de très nombreuses espèces.

Mais les herbiers de zostère subissent une forte régression. Sur le Bassin d’Arcachon, respectivement 84 % et 45 % des surfaces des herbiers de zostère marine et naine ont été perdues à partir du début des années 2000. Leur restauration est l’un des objectifs majeurs inscrits dans le Plan de gestion 2017-2032 du Parc naturel marin.

2. Qu'est-ce que la restauration active ?

 

De très nombreuses tentatives de restauration d’herbiers ont été expérimentées dans le monde, avec diverses méthodes. Malgré de nombreux échecs, il a été montré que la restauration active présente un fort potentiel pour récupérer les surfaces d’herbiers et les fonctionnalités écologiques perdues. 

La restauration active se base sur trois étapes : la collecte de graines, leur stockage puis le semis. 

- Récolte en été : des pieds reproducteurs matures de zostère sont collectés. Ils sont ensuite placés dans des réservoirs d’eau jusqu’à ce que les graines se détachent.

- Stockage hivernal : les graines débarrassées de toute matière organique sont stockées dans une eau froide en circulation durant l’automne et l’hiver.

- Semis au printemps : les graines sont semées à partir de mars, juste avant la période de germination. Le semis consiste en l’injection d’un mélange de vase et de graines directement dans le sédiment.

Semis de graines de zostères en mer de Wadden

Semis de graines de zostères en mer de Wadden

Max Gräfnings, Laura Govers

Semis de graines de zostères en mer de Wadden

Max Gräfnings, Laura Govers

Des volontaires collectent des pieds reproducteurs sur le Bassin d’Arcachon

Des volontaires collectent des pieds reproducteurs sur le Bassin d’Arcachon

© Romuald Chaigneau / OFB

Des volontaires collectent des pieds reproducteurs sur le Bassin d’Arcachon

© Romuald Chaigneau / OFB

3. Comment participent les volontaires ?

 

> Collecte de graines (été 2021)

La probabilité de succès à long terme de cette opération est très dépendante de son ampleur. La participation de nombreux volontaires était donc nécessaire pour mettre en œuvre ce projet à grande échelle !

Pour la collecte de graines, le Parc naturel marin a lancé un appel à volontaires, qui a été entendu. La forte mobilisation citoyenne a permis d’organiser huit sessions de récolte, entre le 21 août au 9 septembre, durant lesquelles on a compté 87 participations de volontaires et 15 navires de bénévoles.

Pendant 2 à 3 heures, les participants ont collecté des pieds reproducteurs matures portant des graines. Ces derniers ont été placés dans des cuves afin de terminer leur maturation, puis les graines matures se sont détachées. Leur nombre total est estimé à environ 55 000. Afin de pouvoir mener une première expérimentation de semis à grande échelle, un objectif de 20 000 graines avait été fixé !

Semis participatifs des graines de zostère naine

Semis participatifs des graines de zostère naine

© Romuald Chaigneau / OFB

Semis participatifs des graines de zostère naine

© Romuald Chaigneau / OFB

> Semis participatifs (printemps 2022)

Les semis ont eu lieu sur deux marées basses, les 25 et 26 mars 2022, avec l’aide de 48 volontaires. Ils ont été réalisés sur une surface totale de 3600 m². L’opération a été un succès malgré les difficultés liées au terrain très meuble. Tous les participants ont été équipés de patins de vase qui ont rendu l’accès au site possible... mais difficile !

4. Quels sont les premiers résultats ?

 

Les premières germinations ont été observées le 27 avril parmi les graines semées en laboratoire, dans du sédiment, et le 5 mai sur le terrain. D’autres germinations pourraient encore survenir au cours de l’été.

Ces premiers résultats sont très encourageants. De nombreuses pistes d’amélioration ont été identifiées et seront prises en compte par le Parc naturel marin dès la prochaine saison. Il est également prévu de travailler à plus grande échelle et de poursuivre les études qui permettront d’identifier les sites où il sera le plus pertinent d’intervenir.

L’objectif est que le semis devienne une solution concrète pour contribuer efficacement et durablement à la recolonisation des herbiers de zostères sur le Bassin d’Arcachon.

Suivi de la germination sur le terrain

Suivi de la germination sur le terrain

© Thomas Fauvel / OFB

Suivi de la germination sur le terrain

© Thomas Fauvel / OFB

Les pieds reproducteurs sont identifiables grâce à leurs spathes, renflements qui contiennent les graines

Les pieds reproducteurs sont identifiables grâce à leurs spathes, renflements qui contiennent les graines

© Romuald Chaigneau / OFB

Les pieds reproducteurs sont identifiables grâce à leurs spathes, renflements qui contiennent les graines

© Romuald Chaigneau / OFB

5. Quelle est la suite de ce projet ?

 

Une nouvelle opération de récolte de graines va être organisée à la fin du mois d’août. Un appel à volontaire sera lancé sur le site internet du Parc marin et ses réseaux sociaux !

Retrouvez plus d'informations sur ce projet participatif dans notre lettre d'information.