Observation exceptionnelle d’un cétacé échoué sur les plages océanes dans le périmètre du Parc naturel marin
Parmi les mammifères marins présents dans le Golfe de Gascogne, les delphinidés (tels que des dauphins, marsouins) et les phocidés (en particulier le phoque commun) sont fréquemment observés au large du Parc naturel marin ou à proximité de l’ouvert du Bassin.
L’observation d’un rorqual, cétacé plutôt présent au niveau du talus continental (à une 100ne de kilomètres du Bassin) que sur les côtes, est bien moins fréquente.
L’échouage accidentel d’un jeune mâle en juin dernier, a été l’occasion d’approfondissement des connaissances sur cette espèce lors de l’étude des causes de sa mortalité.
Un événement peu fréquent
L’événement des 20 et 22 juin derniers relève de l’exceptionnel et a suscité la mobilisation sur place de l’ensemble des acteurs locaux et des équipes scientifiques.
Jeudi 20 juin, un rorqual s’est en effet retrouvé en difficulté dans l’ouvert du Bassin d’Arcachon, coincé dans la bande côtière en eaux peu profondes de la passe sud tout proche de la plage de la Lagune sur la commune de La Teste-de-Buch.
Affaibli et amaigri, l’animal n’a pu se dégager qu’en se laissant emporter par les courants de la marée montante et a ainsi dérivé progressivement vers des eaux plus profondes. Le samedi 22 juin il était retrouvé mort sur le banc d’Arguin.
Dès le lendemain avait lieu une opération de remorquage avec les moyens nautiques de la Société nationale de Sauvetage en Mer (SNSM) d'Arcachon et du Parc naturel marin. Les services municipaux de La Teste-de-Buch ont été mis à contribution pour le levage et le transport de l’animal jusqu’au centre technique de la commune. L’opération durera plus de cinq heures.
Le lundi 24 juin suivait une dissection de l'animal pour connaître les causes du décès.
En tant que membre et correspondant du Réseau National Echouages, le Parc naturel marin du Bassin d’Arcachon a été sollicité par l'observatoire Pelagis (situé à La Rochelle) pour assurer sur place le suivi de l’ensemble des opérations, depuis l’observation de l’échouage de l’animal jusqu’à la conduite de sa dissection.
Le cétacé échoué était un rorqual commun, deuxième plus grand animal au monde
Pouvant atteindre environ 22 mètres de long pour un poids de 70 tonnes, le rorqual commun, espèce de cétacé de la famille des balénoptéridés (ou baleines), est le 2ème plus grand animal vivant sur la planète après la baleine bleue, et émet des vocalises comptant parmi les plus bruyantes. Présent dans tous les océans ainsi qu'en mer Méditerranée, le rorqual commun peut vivre vraisemblablement une centaine d'années. L'espèce est protégée, après avoir été considérée comme menacée par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et est passée au statut « vulnérable » en 2018. Ce géant migrateur demeure en effet menacé notamment par les risques de collision avec les navires, la pollution sonore et chimique.
Baleine à fanons lui permettant de filtrer d’impressionnantes quantités d’, le rorqual commun se nourrit essentiellement des petites crevettes pélagiques en filtrant d’impressionnantes quantités d’eau à l’aide de ses fanons.
Autopsie et conclusions sur les causes d’échouage
L'autopsie du Rorqual commun s'est déroulée sous la direction des scientifiques du Laboratoire Pelagis, coordinateur du Réseau national des Echouages (RNE). De nombreux correspondants locaux du RNE étaient également présents pour aider dans cette tâche éreintante. L’opération a duré 3 heures, dans une légère odeur de putréfaction, au cours desquelles l’animal a été découpé pour ensuite être transportable jusqu’à l’équarrissage.
L’animal, mesurant 11,50m pour 8,8 tonnes, était un mâle immature qui serait mort d’une pathologie non identifiée. Il a été noté une décomposition anormale des chaires le long de la colonne vertébrale et une certaine porosité des os. Cette nécrose et cette faiblesse osseuse pourraient être la conséquence de la présence d’un pathogène qui aurait été véhiculé par le liquide céphalorachidien.
Respecter ses animaux exceptionnels
L’observation de ce rorqual rappelle combien l’océan si proche est un espace de vie et de migration pour de nombreuses espèces de mammifères marins et combien leur présence dans le Bassin est souvent accidentelle ou transitoire. En cas d’observation d’échouages de baleines, dauphins et phoques, les baigneurs et promeneurs sur les plages doivent se rappeler les précautions d'usage à respecter : observer l’animal en gardant ses distances et alerter l'observatoire Pelagis ou directement le Parc naturel marin du Bassin d'Arcachon.
Observatoire Pelagis, joignable 7 jours sur 7 : 05 46 44 99 10.