Accroupie sur l’estran de l’île aux Oiseaux, une vingtaine de volontaires tente de discerner les pieds reproducteurs parmi tous les brins de Zostère naine. Certains ont visiblement le coup d’œil et remplissent régulièrement leurs poches, d’autres ont plus de mal à repérer le petit renflement contenant les graines. « J’ai peur de me tromper et de prendre un mauvais brin, alors je préfère être prudente et y regarder à deux fois », explique Sylvie. Cette habitante du Bassin et son mari participent pour la première fois à cette action. Ils possèdent un bateau qu’ils ont mis à disposition pour transporter les volontaires sur l’Île aux Oiseaux. « Nous avons voulu nous rendre utiles. C’est une manière d’apporter notre pierre à l’édifice », sourit-elle.

Pour la deuxième année consécutive, le Parc naturel marin du Bassin d’Arcachon a organisé du 24 au 30 août un chantier participatif de collecte de graines de Zostère naine. L’objectif est d’amorcer la recolonisation de cette plante marine dans des zones où elle a disparu ; il s’agit d’une opération de restauration écologique. Afin de pouvoir collecter un nombre important de graines et ainsi favoriser les chances de réussite du projet, un appel à volontaires a été lancé par le Parc naturel marin, début juillet. Celui-ci a rencontré un grand succès, puisque 225 personnes se sont inscrites. Trop, malheureusement, pour satisfaire tout le monde. L’herbier étant un milieu fragile, il était nécessaire de limiter le nombre de participants sur l’estran. Au total, 118 personnes se sont néanmoins penchées sur la « prairie » marine de l’Île aux Oiseaux.

Parmi elles, Isabelle a voulu participer « car c’est une action collective très concrète. J’aime ce type d’initiatives qui permet aux citoyens de s’impliquer pour son territoire ». Nathalie est quant à elle une habituée de ce projet : l’été dernier, elle avait participé plusieurs jours d’affilée. Cette année, son œil avisé détecte rapidement les pieds reproducteurs : « J’ai vu la zostère régresser sur le Bassin. On voit aussi moins d’hippocampes, d’étoiles de mer… Il faut agir. Le Bassin on l’aime, on veut le protéger. »  

Au final, malgré une fructification précoce de la Zostère naine en raison des fortes chaleurs de ces dernières semaines, la quantité de graines collectées est satisfaisante et permettra de réaliser les expérimentations prévues. Les récoltes ont été déposées dans une cuve d’eau salée pour terminer la maturation des graines. Celles-ci seront ensuite stockées plusieurs semaines, avant d'être semées sur une zone expérimentale à la fin de l'hiver. Il ne s’agit pas, bien sûr, de ressemer partout où les herbiers ont disparu. L'enjeu est d’amorcer la recolonisation sur des zones favorables mais où les courants n’amèneraient pas de graines.